Valoriser et protéger ce site UNESCO
« - Maman, c’est quoi un site UNESCO ? Tu en connais ?
- Bien sûr que j’en connais, et toi aussi d’ailleurs. Un site inscrit au patrimoine UNESCO est un édifice construit par l’homme ou un site naturel, qui présente un intérêt exceptionnel pour l’humanité. Un endroit qu’il faut valoriser et protéger pour qu’il parvienne intact aux générations futures. Tu comprends ?
- Ça concerne donc des bâtiments très anciens, c’est ça ? Comme des châteaux par exemple…
- Oui, mais pas seulement. D’ailleurs, je vais t’emmener voir l’un d’entre eux qui pourrait bien te surprendre : la Chapelle Notre-Dame de Ronchamp. Une œuvre de Le Corbusier. Un architecte suisse du XXe siècle parmi les plus célèbres du monde. Au point que 17 des édifices qu’il a construits sont inscrits au fameux patrimoine mondial UNESCO depuis 2016. Il y en a en Inde, au Japon, en Argentine, à Marseille et… en Haute-Saône. Plus précisément dans les Vosges du Sud ».
A 13 ans et même à 20 ans et plus, difficile de réaliser l’importance d’un tel monument. Et pourtant, dès qu’on arrive sur la colline, on se rend compte immédiatement que cet endroit dégage quelque chose de très particulier. D’unique même. D’abord parce qu’il y a du monde. Beaucoup de monde. Des bus entiers parfois ! Par chance ce jour-là, une poignée de voitures seulement nous indiquent que nous visiterons les lieux dans des conditions privilégiées.
Tout commence par la Porterie. Une belle et singulière entrée en matière, conçue et réalisée par Renzo Piano en 2011. Le grand architecte italien signe aussi le Monastère Saint-Claire. Posé à fleur de colline lui aussi, à gauche et en léger en contre-haut de la Porterie, il accueille une communauté de sœurs Clarisses. Tout en longueur, ces bâtiments semi-enterrés mêlent le béton brut, le bois et le verre. De style simple et dépouillé, l’ensemble est chaleureux grâce aux foyer ouvert, au mobilier de bois clair, aux aplats rouge-orangé des coursives et murs intérieurs, et à cette ouverture XXL sur la nature environnante. Une nature subtilement soulignée par le remodelage paysager de la colline et sa végétalisation par le célèbre paysagiste Michel Corajoud.
Autant dire une œuvre d’art contemporain magistrale, à ciel ouvert !
Sur les présentoirs de la boutique qui jouxte la billetterie, des guides et ouvrages dans toutes les langues. Même en japonais ! Mon fils n’en croit pas ses yeux. « C’est signe que le monde entier vient ici. Des touristes, des gens en quête de spiritualité, mais aussi et surtout des architectes et élèves architectes et designers de tous les pays », nous explique la dame qui nous accueille.
Quelques instants plus tard, tandis que se dresse devant nous la silhouette de la chapelle, mon fils murmure : « Ah oui, quand même…»
Immaculée et lumineuse, elle est encore plus troublante que dans mes souvenirs.
Coiffée d’un voile de béton monumental et cependant tellement aérien, la chapelle bouscule les codes et se jouent de tous les contrastes : les lignes rondes se télescopent aux angles. Ici, elle apparaît trapue et deux mètres plus loin, incroyablement élancée. Vue d’extérieur, elle est immense et une fois passé le seuil, petite, chaleureuse et intime. Enfin ce blanc qui révèle les éclats de couleurs des vitraux. Le bois blond du mobilier qui joue avec le gris du béton brut. Cet édifice d’une insolente modernité m’apparaît aujourd’hui d’un classicisme intemporel et rassurant. Jean Prouvé, disciple de Le Corbusier en dessine le Campanile dans les années 1970 et renforce encore son intérêt aux yeux du monde.
« Tu imagines, elle date de 1955. Lorsque Le Corbusier achève sa construction, beaucoup de gens ne comprennent pas. Certains même sont en colère. Il faut dire qu’on échappe ici à tous les repères habituels d’un lieu de culte. A fortiori dans ce coin de campagne, si loin des grands pôles culturels et urbains. Mais pour Le Corbusier, cette chapelle dédiée à la Vierge, est l’œuvre de la maturité. Lignes, matériaux, techniques, on y retrouve tout ce qui détermine de l’artiste. C’est la raison pour laquelle elle est une telle référence architecturale. Un trésor pour l’humanité et ce territoire ».
« C’est incroyable, souffle François. Encore plus impressionnant que les images que tu m’as montrées avant de venir ! Je comprends mieux le patrimoine UNESCO ».
« J’ai voulu créer un lieu de prière, de paix et de joie intérieure »
Le Corbusier
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