S'inspirer de l'architecture de Le Corbusier
Toute petite déjà, avec mes parents, mes grands-parents, et même avec l’école, j’allais souvent à la Chapelle de Ronchamp. Nous habitions à une petite demi-heure de route de là, et c’était une sortie à laquelle ma sœur et moi ne pouvions guère échapper.
“C’est important mes chéries, c’est culturel” nous disait maman.
“Le Corbusier, vous vous rendez compte ? ” A l’époque, avouons-le : pas vraiment en fait.
A 7 ans et même 12 ans, difficile de réaliser l’importance d’un tel monument. Pourtant, cet endroit m’interpellait déjà. D’abord parce qu’il ne correspondait pas vraiment à l’idée que je me faisais d’une chapelle. On m’avait raconté l’analogie entre la forme du toit et une carapace de crabe. Ce que je trouvais assez juste. Et surtout très rigolo ! Un crabe sur le massif vosgien, c’est plutôt inattendu ;-)
Ce qui m’intriguait aussi, c’était le monde que l’on croisait là-haut. Tous ces gens, parfois même des bus entiers, venaient jusqu’ici pour voir une chapelle bizarre, alors qu’il n’y avait même pas de messe ni de fête particulière. Ils prenaient des photos, des notes et certains même faisaient des croquis.
Et puis la vie m’a éloignée de mon village natal en même temps que des injonctions culturelles de mes parents. Je ne suis plus retournée à la Chapelle pendant près de 30 ans. Ces dernières années, j’ai suivi de loin et par voie de presse les aménagements nouveaux : la porterie et la construction d’un couvent pour une communauté de Sœurs Clarisses par Renzo Piano. Et puis le remodelage paysager de la colline et la végétalisation des bâtiments par Michel Corajoud, associé là aussi au studio de Renzo Piano. Et enfin, l’inscription tant attendue de l’œuvre de Le Corbusier et donc de notre fameuse chapelle, au Patrimoine Mondial Unesco.
Il fallait absolument que je revoie cet endroit.
Alors il y a quelques semaines, j’ai proposé à ma maman de retourner à la Chapelle. Une petite escapade délicieusement ponctuée de « Tu te souviens ma chérie ? ».
Depuis la route, et même à plusieurs kilomètres de Ronchamp, la silhouette blanche de l’édifice émerge des sapins. Elle fait vraiment partie du paysage. Pourtant, maman me raconte combien cette œuvre a défrayé la chronique en son temps et dans cette paisible campagne, si loin des grand pôles culturels et urbains. En 1955, lorsque l’architecte suisse achève sa construction, ma mère n’a que 13 ans mais s’en souvient encore “Les gens n’ont pas compris, certains même étaient en colère”. Mais pour Le Corbusier, c’est l’œuvre de la maturité. Cette Chapelle dédiée à la Vierge, rassemble tous les codes, formes, techniques et matériaux qui lui sont chers. Jean Prouvé, son disciple, en dessine le Campanile. Dès lors, ce monument d’architecture sacrée figure parmi les plus illustres du monde. Et il est fou d’imaginer que des générations d’architectes et designers du monde entier connaissent ce lieu. La plupart même y sont venus !
Aujourd’hui c’est notre tour. Nous apercevons le monastère Saint-Claire tandis que nous abordons la nouvelle porterie. Des bâtiments à fleur de colline, font discrètement écho à la chapelle posée en léger contre-haut, au milieu des arbres. La porterie est un lieu d’accueil et de circulation réchauffé par un immense foyer de béton brut, de verre, de rouge, de gris et de bois. Il règne ici une douce harmonie.
www.collinenotredameduhaut.com
Plus d'infos :
Ronchamp Tourisme
25 rue Le Corbusier - 70250 RONCHAMP
Tél 03 84 63 50 82
www.ronchamptourisme.com